A Propos de :

fraternité maçonnique

Les maçons s’appellent « Frères » ou « Sœurs ». Mais la fraternité maçonnique n’est pas comme les autres. Elle ne peut s’assimiler à la fraternité d’armes d’anciens combattants ou â l’amitié qui lie les membres d’un club de boules. Elle transcende les armes et les boules. Elle a ses racines dans la conviction que l’homme est capable de pureté de sentiments et dans l’espérance qu’une palingénésie peut s’accom­plir tous les jours sur cette terre. (De façon plus générale, la palingénésie est plus simplement le « retour à la vie » des divers éléments de la nature. Les plantes se nourrissent de minéraux, les animaux se nourrissent de plantes, les hommes se nourrissent des animaux ou de leurs produits ; en respirant, tout vivant assimile germes et poussières).

Par l’appellation de « frère », on s’adresse au cœur de l’homme. En recevant cette appellation, on subit une mise en condition inhabituelle : réintégrer notre humanité globale en dépit des conditionnements qui se sont stratifiés sur elle tout au long d’une vie. C’est le cœur à nu. Une nudité libératoire parce qu’elle est acceptation de nos impuissances et reconnaissance de notre besoin d’espérance.

Plus d’uniformes impénétrables, plus d’habits falsifiants, plus de réserves mentales. 

spiritualité maçonnique

La Franc-Maçonnerie se propose de réunir tous les hommes de bonne volonté qui sont encore capables de foi.

La foi maçonnique consiste â croire qu’il existe un Art pour bâtir un monde meilleur et qu’il est possible de cultiver cet Art.

Son but final étant la construction de ce monde meilleur, la Franc-Maçonnerie est universelle par sa philosophie avant de l’être par son organisation géo-politique.

Pour l’immédiat, nous proposons la restauration de l’huma­nisme dans notre culture afin que l’homme redevienne la mesure de toute chose.

Consciente que l’erreur de toujours est de croire qu’une morale déterminée puisse définir sans appel la totalité de l’homme, la Franc-Maçonnerie libérale s’arrête, par respect, devant la partie inaccessible de la personnalité humaine.

Franc-Maçonnerie libérale et adogmatique

Si les sources auxquelles la Maçonnerie a puisé sont les mêmes pour tous les maçons et remontent au-delà de l’ancienne Égypte en passant par les bâtisseurs de cathé­drales, les Ordres de Chevalerie, Pythagore et les religions judéo-chrétiennes, de nombreuses tendances ont vu le jour depuis le début de la Maçonnerie dite « spéculative » au XVIIIe siècle.

Parmi ces tendances aussi variées que peuvent l’être celles d’une Société qui se veut évolutive et adogmatique et qui examine toutes les doctrines en se refusant d’en accepter aucune comme définitive, la Franc-Maçonnerie libérale à laquelle nous appartenons se distingue des autres branches par le fait que nous respectons une liberté absolue de conscience.

Dans la pratique, cela veut dire que nous n’imposons dans nos loges aucun « livre de la foi sacrée » particulier; que nous reconnaissons pour maçon toute personne normale­ment initiée; que toute Soeur et tout Frère, de quelque obédience qu’ils soientt, sont reçus dans nos temples ès qualité; que nous sommes des maçons libres dans des loges libres, groupées en fédé­ration de loges et non au sein d’obédiences centralisatrices exerçant des pouvoirs régulateurs contraignants.

Toute autre pratique serait contraire à notre liberté absolue de conscience. Dans cet esprit, personne, ni profane ni Soeur, ni Frère, n’est obligé de partager notre conception, mais personne non plus n’est en droit de nous l’interdire.

Franc-Maçonnerie et Dieu

L’article premier des Constitutions d’Anderson de 1723, qui demeurent la base de référence de la Franc-Maçon­nerie spéculative et libérale, commence ainsi:

Un Maçon est obligé, de par sa tenure, d’obéir à la loi morale ; et s’il comprend bien l’Art, il ne sera jamais athée stupide ni libertin irréligieux

Constitutions d’Anderson, 1723

Pour le franc-maçon libéral, toute recherche sincère et honnête, qu’elle s’approche de la découverte ou du refus de Dieu, est respectable. Seule la stupidité, religieuse ou athée, est bannie.

En fonction de quoi, la Franc-Maçon­nerie libérale rejette tout dogmatisme et prétend que la foi n’étant pas transmissible dans son intégralité, il est du ressort de chacun, à la suite d’un long itinéraire inté­rieur, de choisir la conception qui se rapproche le plus de ses idées.

Tout au long de cet itinéraire, le théisme, le déisme, l’agnosticisme, l’athéisme ou le panthéisme peuvent aussi bien être des pauses, des accidents de parcours ou des conquêtes de l’esprit.

Dans ce domaine, Descartes ne se définit pas par opposition à Saint-Thomas et leurs idées sont comme les branches d’un compas qui cernent sans définir « l’inaccessible totalité de l’homme ».

citoyen maçon

Le franc-maçon libéral est un citoyen dont la conscience, toujours en éveil, éprouve le besoin de s’exprimer libre­ment et nécessite un régime où l’objection est autorisée et respectée.

Mais il serait faux de penser que pluralisme et démocratie absorbent entièrement la raison d’être de la Franc-Maçon­nerie libérale.

La démocratie étant, en fin de compte, un jeu de quantités où la majorité est gagnante, l’erreur peut prévaloir quand elle rallie la plupart des participants.

La Franc-Maçonnerie n’a pas d’ambition politique, elle ne se soucie pas de victoires quantitatives. Mais ses membres, cherchant à atteindre un plus haut degré de sagesse, peuvent, par leurs suggestions, aider la société à reconnaître ses erreurs passagères et à les corriger.

Ce faisant, ils neutralisent la séduction que peuvent présen­ter les solutions violentes et affaiblissent la « tentation totalitaire ».

Mixité

La Mixité se situe au cœur même des valeurs maçonniques de la Grande Loge Mixte de France et ce depuis sa création en 1982.

L’humanité est composée pour moitié d’hommes et de femmes, la Grande Loge Mixte de France soutient une maçonnerie qui inclut toute l’humanité. Cette conception porte en elle l’idée de l’égalité entre femmes et hommes, Égaux devant l’initiation, Égaux devant la responsabilité de travailler au progrès de l’humanité, qui débute par soi, femmes et hommes enrichissent leurs parcours maçonniques de leur complémentarité.

L’universalité de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, la liberté absolue de conscience trouvent un écho dans la mixité.

L’initiation des femmes dans la Franc Maçonnerie n’est pas allée de soi, il faut reconnaître que le Pasteur Anderson ne l’a pas facilitée. En effet, l’article III des Constitutions qui portent son nom précise que “les personnes admises membres d’une loge doivent être des hommes de bien et loyaux, nés libres et d’âge mûr et discrets, ni esclaves, ni femmes, ni hommes immoraux et scandaleux, mais de bonne réputation”.

Ironie du sort, la première femme initiée le fut grâce à une qualité ou un défaut que les hommes prêtent volontiers aux femmes : la curiosité !

Elisabeth Saint Léger (connue aussi sous le nom de son époux, Aldworth), issue de la noblesse irlandaise, fut initiée sans l’avoir jamais demandé dans les années 1710 (entre 1712 et 1717), soit avant la création de la Grande Loge de Londres et de Westminster, en 1717, et de la Grande Loge d’Irlande en 1729-1730.

Son père, Arthur Saint Léger, Ier Baron de Kilmayden et Vicomte Doneraile, franc maçon, tenait loge dans sa demeure à Donerail Court dans le comté de Cork.
Un soir, profitant de travaux dans la maison, elle retire quelques pierres du mur de la pièce où se tiennent les travaux présidés par son frère alors Vénérable, Lord Doneraile et observe ceux ci de la bibliothèque où elle se cache.
Affolée de ce qu’elle voit et entend, elle s’enfuit.

Rattrapée par le Couvreur elle est ramenée devant l’assemblée qui ne peut que constater qu’elle connaît une partie des secrets de la Franc Maçonnerie et décide tout simplement de l’initier (certaines versions indiquent que le choix lui est laissé entre l’initiation ou la mort !).

A moins de vingt ans, Elisabeth devient la première femme initiée aux mystères et privilèges de la Franc Maçonnerie, dont elle gardera le secret tout au long de sa vie maçonnique qui durera plus de soixante sans que jamais sa participation au sein de sa loge ne soit contestée !

Sur la plaque commémorative qui décore sa tombe dans l’ancienne cathédrale St. Finnbarr Cathedral de Cork figure la mention : Initiated into Freemasonry in Lodge N° 44 at Doneraile Court in this County A.D.1712.

Après Elisabeth, plus aucune femme ne fut initiée avant Maria Deraimes en 1882.
Au début XVIIIe siècle la « maçonnerie d’adoption » voit le jour en France.
Sous la tutelle d’obédiences masculines, et disposant de rituels spécifiques (le plus ancien connu date de l’année 1761), les femmes s’initient à ce qui s’assimile davantage à une sociabilité maçonnique qu’à une initiation véritable aux « secrets et privilèges de la Franc Maçonnerie ».

Les loges des dames portent ainsi souvent le nom de la loge masculine à laquelle elles sont rattachées. Le déclin de ces Loges d’adoption se dessine à partir de 1830 pour disparaître quasi complètement du paysage vers 1850.
La seconde femme à vivre l’initiation telle que les hommes la connaissent est Maria Deraimes, au sein de la loge « Les Libres Penseurs » du Pecq de la « Grande Loge Symbolique Écossaise » le 14 janvier 1882.

La difficile intégration des femmes au sein de cette obédience aboutit le 4 avril 1893 à la création de la première obédience mixte de l’histoire de la Franc Maçonnerie : la « Grande Loge Symbolique Écossaise le Droit Humain » présidée par Maria Deraimes.

C’est au sein d’une loge de la Grande Loge Symbolique Écossaise Mixte et Maintenue, « La Philosophie sociale », qu’ ont été initiées franc-maçonnes Madeleine Pelletier le 27 mai 1904 puis Louise Michel le 13 septembre 1904.
Madeleine Pelletier, première femme médecin diplômée en psychiatrie en France est connue pour ses multiples engagements politiques et philosophiques, son activisme en faveur de la liberté des femmes en matière d’avortement et de contraception.

Louise Michel, institutrice, féministe et anarchiste est l’une des figures majeures de la Commune de Paris.

Début du XXe siècle, la Grande Loge de France fera quelques tentatives de remise en place de loges d’adoption mais l’émancipation des femmes, accélérée par le premier conflit mondial en limitera l’impact.

L’émancipation des femmes, leur volonté de participer au développement de la société dans tous les domaines s’exprime aussi au sein de notre Ordre.
Notre obédience se compose de 48% de frères et de 52% de sœurs, égaux en droits et en devoirs.
Si la mixité est une culture, elle est aussi un projet politique, une dynamique qui pousse à la fraternité, à la reconnaissance de l’autre en tant qu’égal.
La société d’aujourd’hui a besoin de donner du sens à l’action, de vivre un projet qui dépasse les intérêts individuels, d’apporter à nouveau de l’enchantement dans la vie quotidienne.

«  La mixité donne vie à une vision du monde où hommes et femmes construisent ensemble un avenir émancipateur et épanouissant. »

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